Portes ouvertes : À Plounéour-Ménez, l’Ecole bretonne d’herboristerie, une formation professionnelle aux multiples débouchés

À Plounéour-Ménez, l’Ecole bretonne d’herboristerie, une formation professionnelle aux multiples débouchés

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Dans la promo 2023, Fiona Pasqualini, responsable des formations longues, et Marie-Jo Fourès, fondatrice de l’école, comptent des élèves venus de toute la France, même une Brésilienne et une Espagnole. Sans oublier les échanges internationaux avec des médecins à Santiago du Chili, ou avec une Bretonne enseignante de sciences naturelles au Sénégal. (Photo S.G.)

L’École bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez a fait le plein de visiteurs, samedi 6 mai 2023 lors des portes ouvertes de ses nouveaux locaux. Quelles sont les formations, à qui s’adressent-elles et sur quoi débouchent-elles ? Réponses avec Marie-Jo Fourès, sa fondatrice.

Marie-Jo Fourès, vous êtes la fondatrice de l’association Cap santé, centre de formation créé en 1995, devenu en 2013 l’École bretonne d’herboristerie (EBH)?. Quels sont les enseignements dispensés dans l’école et à qui s’adressent-ils ?

« L’EBH propose deux types d’enseignements. Des formations courtes ouvertes à tous, sous forme de journées à thèmes, d’ateliers, de sorties botaniques, à la journée ou la semaine, proposées tout au long de l’année.

Et une formation longue de 1 228 heures sur deux ans (coût 2 400 €/an), par promotion de 96 élèves, avec un seul prérequis : avoir au minimum le bac. Cette formation longue se base se compose de cours en ligne et de temps de regroupements à Plounéour, sur sept week-ends, pour des sorties botaniques (connaissance des biotopes, identifications des plantes…), des ateliers pratiques de galénique, c’est-à-dire tout ce qui concerne la transformation des plantes : poudre, macération, distillation, extraction… »

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galénique (du nom du célèbre médecin grec du IIe siècle, Galien), est la science et l’ art de préparer un principe actif pour le rendre administrable par transformation des plantes sous forme de poudre, macération, distillation, extraction… (Photo S.G.)

Vous accueillez des élèves aux profils très variés : quelles sont leurs motivations à se former aux plantes aromatiques et médicinales ?

« Pour les formations courtes, ce sont des personnes de tous âges avec une sensibilité à la santé et l’environnement, qui viennent pour eux, leur santé et celle des générations futures. Ils aspirent à la pratique de l’herboristerie familiale, à connaître les plantes et leur usage au quotidien pour s’orienter vers une alimentation saine et moins chère.

Sur les formations longues, un tiers des élèves vient avec un projet professionnel très construit de production/transformation en indépendant, un tiers se forme pour la vente-conseil d’huiles essentielles, compléments alimentaires, tisanes… ?en coop bio, boutiques ou pharmacies. Le dernier tiers sont les personnels de santé (médecins, préparateurs en pharmacie, sages-femmes, puéricultrices, kinés…) et quelques chercheurs en agronomie. Cette année, nous avons même des artistes (comédienne, graphistes, couturier-brodeur, cinéaste) désireux d’intégrer les plantes à leur univers créatif ! »

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Lors des formations courtes, on peut tout aussi bien découvrir les bienfaits de la mal-aimée ortie (notre photo), les bases de l’aromathérapie, la réalisation d’élixirs floraux, l’usage des plantes tinctoriales, comment créer son carré de plantes aromatiques et médicinales ou comment cultiver des légumes perpétuels… (Photo S.G.)

L’usage des plantes médicinales est strictement encadré. Quelles disciplines enseigne-t-on à l’EBH ?

« Avec 25 formateurs, l’EBH a deux spécificités : la pédagogie active et le présentiel. Au cours de la formation longue, on enseigne l’anatomie et la physiologie des plantes, la botanique académique (niveau licence), la biochimie végétale, la connaissance des principes actifs, l’étude de monographies de plantes, avec des exercices pratiques à faire à la maison. L’école a choisi de d’abord travailler l’approche du vivant, de la plante dans la nature, dans les différents milieux de landes, prairies, tourbières, pour donner aux élèves des bases solides, car il y a toute une réglementation européenne à respecter.

En seconde année, ils abordent la vraie pratique et l’usage des plantes en toute sécurité, en lien avec tous les systèmes du corps, digestifs, respiratoires, articulaires, immunitaire, la peau… Soit une centaine de végétaux étudiés dont 70 plantes, auxquelles s’ajoute un peu d’algologie, qu’on aimerait pousser plus loin avec la Station biologique de Roscoff. »

Sur quel diplôme débouche la formation d’herboristerie ?

Les élèves décrochent un Certificat de capacité en herboristerie, mais pas de diplôme, puisque le métier d’herboriste n’existe plus depuis 1941. En 2010, après La Fête des simples, une rencontre nationale qui avait attiré ici 7 000 visiteurs, il y avait eu une grosse prise de conscience des politiques à défendre cette réhabilitation du métier, ?mais la proposition de loi de Joël Labbe n’a pas abouti. Et même si le lobby pharmaceutique vient de bloquer la reconnaissance des cinq écoles de la fédération française d’herboristerie au Registre national des compétences professionnelles, de nouvelles pratiques font leur chemin. À l’hôpital de Morlaix, ?les huiles essentielles sont déjà utilisées en actifs complémentaires aux traitements, comme en relaxation dans les services de cancérologie et d’addictologie, ou pour apaiser les réveils en réanimation. »

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