Don d’un herbier du 18ème siècle

Article France Bleu.fr

EN IMAGES – Un herbier du 18e siècle retrouvé par le stagiaire d’une école d’herboristerie dans le Finistère

Mercredi 22 novembre 2023 à 20:07 – Mis à jour le jeudi 23 novembre 2023 à 10:27

Un herbier datant du 18ᵉ siècle vient d’être donné ce mercredi 22 novembre 2023 au Conservatoire botanique national de Brest par l’école d’herboristerie de Plounéour-Ménez. Ce trésor patrimonial a été découvert par un stagiaire de cette école.

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Les couleurs des fleurs ont persistés dans le temps alors que l’herbier n’a jamais été traité 

Marie-Jo Fourès, une des fondatrices de l’école d’herboristerie de Plounéour-Ménez (Finistère), a décidé de donner ce mercredi un ancien herbier datant du 18e siècle au Conservatoire de botanique de Brest, pour qu’il reste en Bretagne. Elle l’a reçu des mains de son stagiaire. D’après les premiers éléments, l’auteur de la publication est un médecin mayennais, contemporain de Rousseau et qui était ami avec Voltaire et Franklin.

« Il le portait sous le bras ! »

Au printemps dernier, un stagiaire de l’école d’herboristerie de Plounéour-Ménez arrive avec « un vieux bouquin sous le bras, sans gants et sans aucune précaution« , raconte Marie-Jo Fourès en rigolant. Il lui donne en lui disant que c’est une collègue de travail, basée en Loire-Atlantique, qui lui a donné. L’herbier serait dans sa famille depuis des générations. Cette fameuse collègue le cède alors au stagiaire de l’école d’herboristerie, qui finit à son tour par le confier à Marie-Jo Fourès. La fondatrice de l’école a ensuite décidé de le céder au Conservatoire botanique national de Brest, où il pourra être apprécié par le public, mais aussi, « pour qu’il reste ici, chez nous, en Bretagne », ajoute en rigolant Marie-Jo Fourès.

Un herbier des Lumières, du temps de Voltaire et Rousseau

Marie-Jo Fourès le dépoussière, l’ouvre et découvre alors une magnifique écriture au stylo plume ainsi que des plantes et des fleurs séchées qui semblent appartenir à un autre temps. Et l’herboriste a vu juste. Cet herbier a des centaines d’années derrière lui. Examiné cette fois avec des gants et de manière minutieuse par une documentaliste du Conservatoire botanique breton, les premières estimations tombent. Cet herbier daterait du 18e siècle.

C’est même un herbier des Lumières, puisque cet ouvrage a été réalisé à partir de la flore de Jacques Barbeu du Bourg, un médecin mayennais contemporain de Rousseau et ami de Voltaire et Franklin. Rien que ça. Jacques Barbeu du Bourg est le premier à prendre quelques libertés sur les dénominations des plantes, en les écrivant en français et non plus en latin.

Les investigations du Conservatoire de Brest se poursuivent pour tenter de déterminer les auteurs et les autres potentiels secrets de cet ancien herbier. L’analyse du papier pourra indiquer l’âge exact de cet ouvrage.

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L’herbier vieux du 18ème siècle retrouvé dans le Finistère © Radio France – Océane Zitouni

Article site du Conservatoire Botanique National de Brest

UN HERBIER ESTIMÉ DU XVIIIE AU CBN DE BREST

Publication : 24 novembre 2023

Au printemps 2023, l’École bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez a contacté le Conservatoire botanique national de Brest afin de lui présenter un herbier qui lui a été remis par un de ses élèves. Cet herbier, estimé du 18e siècle et d’auteur inconnu a été réalisé à partir de la flore de Jacques Barbeu du Bourg. Il était important pour Marie-Jo Fourès, formatrice référente à l’école, de conserver cet herbier en Bretagne. Grâce à ce don, l’herbier intègre ce mercredi 22 novembre 2023 les 19 collections déjà conservées au Conservatoire botanique.

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Claire Laroche, responsable de la documentation, Frédérique Bonnard-Le Floc’h, Présidente du CBNB, Dominique Dhervé, directeur du CBNB, Marie-Jo Fourès, formatrice et co-fondatrice de l’école bretonne d’herboristerie.

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L’herbier remis au Conservatoire est un ouvrage manuscrit d’une centaine de pages, d’aspect très ancien.

Il a la particularité pour un herbier d’être relié. De nombreux éléments nous font penser que cet herbier a été constitué dans la deuxième moitié duXVIIIe voire début XIXe siècle. Tout d’abord, la flore utilisée pour réaliser cet herbier est issue de l’ouvrage publié en 1767 « Le Botaniste françois ou le manuel d’herborisation » de Jacques Barbeu du Bourg, ami de Voltaire et Franklin. La reliure, assez endommagée, n’est pas si courante surtout depuis que Carl von Linné a détaché les planches pour faciliter le classement des spécimens. Ensuite, le système d’attache des plantes par des épingles en cuivre, courant à cette époque, a été progressivement remplacé par d’autres techniques même si certains botanistes utilisaient encore cette technique. Enfin, la mention du lieu de récolte de la plante est arrivée plus tardivement, cet herbier n’enregistre aucune localité de collecte.

Cet herbier est un objet patrimonial probablement issu, même si cela reste à confirmer, d’une époque où la Botanique était en pleine expansion. L’ouvrage sur lequel s’appuie cet herbier suit la méthode naturelle énoncée et développée par Michel Adanson et décrit les plantes des environs de Paris. Barbeu du Bourg est le premier à abandonner le latin savant pour nommer et décrire les plantes en français, innovation qui sera bientôt reprise par de nombreux auteurs.

Les auteurs de cet herbier n’ont pas encore été identifiés et ne le seront peut-être jamais. Cependant plusieurs personnes ont contribué à cet herbier, comme le confirme la présence de plusieurs types d’écritures sur les planches et l’emploi du « On » à la fin du recueil. Celles-ci n’ont pas encore été comparées à celle de Jacques Barbeu du Bourg pour savoir s’il y a contribué. Comme à chaque arrivée d’un nouvel herbier au CBNB, une enquête historique doit être menée pour en savoir un peu plus. Une datation du papier sera nécessaire pour compléter ces recherches.

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Article France 3 régions

Publié le 25/11/2023 à 07h00

Écrit par Valérie Chopin

VIDEO. Un herbier de plus de 200 ans déniché dans les monts d’Arrée, expertisé au Conservatoire botanique de Brest.

Il date probablement du 18ème siècle. Peut-être même qu’il a été confectionné par le grand botaniste Jacques Barbeu du Bourg. L’herbier, récupéré par l’Ecole bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez, dans les Monts d’Arrée, va être expertisé par le Conservatoire botanique de Brest. Un livre précieux révèlera alors tous ses secrets. Quelques indices sont déjà visibles…

C’est un objet rare et particulièrement ancien que l’école bretonne d’herboristerie vient de remettre au Conservatoire botanique de Brest : un herbier d’environ deux siècles et demi. Un livre « impressionnant » à plus d’un titre.

L’Ecole bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez, dans les Monts d’Arrée a transmis l’herbier au Conservatoire Botanique de Brest pour être expertisé. 

Par son âge déjà : il reste à être précisé, mais on l’estime aux alentours de 250 ans. Par sa taille : 500 planches. Mais aussi par son contenu : sur chacune se trouvent en effet deux ou trois plantes.

Des plantes dont le nom est écrit en latin, mais aussi en français. « C’est émouvant », s’enthousiasment les membres de l’école bretonne d’herboristerie présents ce mercredi, juste avant le départ de l’objet au conservatoire botanique de Brest. Ils savent combien les détails sont importants…

Et des détails, il y en a, parmi ce millier de plantes savamment répertoriées et conservées. 

« Déjà l’absence de localité montre une certaine ancienneté, décrypte Claire Laroche, documentaliste du Conservatoire botanique de Brest. Ensuite, il y a ce système d’attachage par épingles en cuivre, ce qui n’est pas si courant que ça… Là, y a trois spécimens, généralement, on en met un voire deux maximum… »

Et puis il y a ces deux noms. Un en latin, un en français. « Ce sont des indices qui nous montrent que cet ouvrage pourrait être daté du 18ᵉ » confirme Claire Laroche. À cette époque en effet, celle des Lumières, un botaniste de renom a marqué un virage : Jacques Barbeu du Bourg.

Le botaniste Jacques Barbeu du Bourg, aussi inventeur du paratonnerre portatif , a écrit « Le Botaniste françois », comprenant toutes les plantes communes et usuelles en 1767. • © Conservatoire Botanique de Brest

Le médecin, connu pour avoir inventé le paratonnerre portatif, est aussi polygraphe, historien et scientifique. C’est lui qui en 1767 écrit « Le Botaniste français », un ouvrage en deux volumes, dans lequel il décrit les plantes des environs de Paris ainsi que l’usage médicinal des différentes espèces. Des indications qu’il mentionne en français, en non en latin, ce qui à l’époque est une grande première. 

Barbeu est-il l’auteur de cet herbier ? L’expertise graphologique le dira peut-être… Ce qui est déjà sûr c’est que l’auteur de cet ouvrage transmis au Conservatoire botanique de Brest était motivé par la même volonté de vulgariser, et de rendre les informations accessibles à tous :

« Lui aussi, le botaniste de l’époque, il voulait transmettre la connaissance à tout un chacun. C’est pour cela qu’il a introduit le français dans son herbier, pour faire connaître la connaissance du végétal, à ses collègues de l’époque bien sûr, mais aussi à tout le monde ! » explique enthousiaste Marie-Jo Fourès, formatrice et fondatrice de l’Ecole bretonne d’herboristerie de Plounéour-Ménez, dans les Monts d’Arrée.

C’est cette association qui a récupéré l’ouvrage des mains d’un ancien stagiaire. Mesurait-il la rareté de l’objet ? 

Pour l’instant, nul ne connaît son âge précis, ni son auteur, mais des analyses vont être menées. 

L’herbier est désormais propriété du Conservatoire botanique de Brest. C’est désormais son plus ancien ouvrage. Il devrait être expertisé et restauré l’an prochain.

Lien vers la vidéo :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/finistere/brest/video-un-herbier-de-plus-de-200-ans-deniche-dans-les-monts-d-arree-expertise-au-conservatoire-botanique-de-brest-2877866.html

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