Anna Borowski (EBH 7) Illustratrice naturaliste
Débarquée du train Paris-Morlaix, je suis arrivée à Plounéour-Ménez en 2019, gros sac sur le dos, mue par l’excitation de m’engager sur un nouveau chemin et la sensation d’une évidence trouvée.
Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Appliqués de Paris, je venais de passer les dix dernières années de ma vie à sculpter et illustrer de beaux projets pour des maisons de haute couture et des joailliers, sans être tout à fait sûre d’avoir choisi volontairement de travailler dans ce domaine.
Je cherchais un lien plus fort à la nature dans mon quotidien et multipliais les expériences de wwoofing et de maraîchage à la recherche d’un autre métier.
Les plantes, je les aimais avant tout pour l’émotion esthétique qu’elle me procurait et c’est pourquoi j’ai d’abord pensé aller vers le métier de fleuriste. Quelque chose me manquait cependant dans cette approche. Je ne sais plus comment m’est venue l’idée de l’herboristerie mais elle a fait sens après coup, lorsque j’ai découvert que mon arrière-grand-père fabriquait en Suède, des onguents et crèmes de beauté à base de plantes pour toutes les femmes de la ville ! Un retour à l’histoire familiale donc ? Peut-être, mais revenons-en à Plounéour-Ménez.
Quand j’ai commencé à m’intéresser aux plantes médicinales, je me suis assez rapidement sentie perdue face aux propriétés qu’elles étaient censées avoir.
À en croire les monographies, les livres et les sites dédiés, elles étaient grosso modo toutes bonnes à tout faire et donc finalement, plus ou moins bonnes à rien…
J’avais besoin de comprendre un peu mieux comment tout ça fonctionnait réellement. Je voulais garder un esprit critique face à ces tendances New-Age et ne pas tomber dans une croyance sans fondement. J’ai donc décidé d’aller me former à l’École Bretonne d’Herboristerie. Je me suis retrouvée parachutée dans ce petit village brumeux du Finistère, avec son calvaire, son unique épicerie et ses mordus de botanique. Et au début, je ne peux pas dire que les choses se soient tout de suite franchement éclairées. Polyphénols, alcaloïdes, tanins, iridoïdes, antho- cyanosides, bêta-glucanes…, pas si facile à comprendre finalement, les remèdes de grands-mères !
C’est alors qu’a commencé à germer l’idée de mettre au point des stratégies pour débroussailler le sujet et me frayer un chemin vers la connaissance des plantes médicinales !
J’ai pensé à différentes clés et portes d’entrée, retourné le sujet, fait de multiples fiches et cartes mentales, essayé d’en faire un jeu de cartes. Bref, je cherchais à m’approprier ce vaste sujet par tous les moyens !
Illustratrice de métier, j’ai initié le projet d’un petit guide illustré qui poserait les bases de la phytothérapie pour celles et ceux qui souhaitent se soigner plus naturellement sans avoir à se plonger dans des pavés sur l’herboristerie. J’ai alors contacté les éditions Ulmer, qui m’ont proposée d’intégrer ce guide à leur collection « D’amour et d’eau fraîche », de petits livres pratiques s’emparant de connaissances simples et entièrement illustrés par leurs auteur-ices.
C’est ainsi qu’est né le “Mini-Guide des Plantes qui soignent”. Entre histoire de l’herboristerie, propriétés médicinales de plantes communes et locales, galénique et systèmes du corps humain, (et un peu de biochimie !) ce petit livre est rempli de conseils pour reconnaître les principales plantes médicinales, préparer vous-même vos remèdes ou tout simplement mettre plus de fleurs dans vos vies !
Installée à Lorient, je me consacre aujourd’hui à l’illustration naturaliste. J’ai dans le même temps retrouvé à nouveau les bancs de l’école, cette fois-ci à l’École Supérieure des Agricultures d’Angers où je me forme au métier d’écologue et à la protection des milieux naturels. Je souhaiterais allier ces différentes approches afin de travailler sur des projets de valorisation et sensibilisation à l’environnement à destination d’espaces naturels ou de parutions spécialisées.